cétacés en sursisJusqu’à quand verra-t-on des orques et dauphins en captivité en France ?

Jusqu’à quand verra-t-on des orques et dauphins en captivité en France ?

cétacés en sursisCe jeudi, Inouk, une orque mâle de 25 ans, est décédée à Marineland, à Antibes, cinq mois seulement après la mort de son fils, Moana
Contrairement à Planète Sauvage, à Nantes, ou à Marineland à Antibes, le parc Astérix est un parc d'attraction et non animalier. En janvier 2021, le directeur Nicolas Kremer avait annoncé fermer son delphinarium, créé en 1989. (Illustration)
Contrairement à Planète Sauvage, à Nantes, ou à Marineland à Antibes, le parc Astérix est un parc d'attraction et non animalier. En janvier 2021, le directeur Nicolas Kremer avait annoncé fermer son delphinarium, créé en 1989. (Illustration) - L. Urman / Sipa / Sipa
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Ce jeudi, Marineland d’Antibes a annoncé la mort de Inouk, une orque de 25 ans. Il ne reste plus que deux orques au sein de ce parc aquatique de la Côte d’Azur.
  • Cette annonce relance donc une nouvelle fois le débat : Jusqu’à quand verra-t-on des orques et des dauphins en captivité en France ?
  • Avec la loi contre la maltraitance animale votée en 2021, la réponse pourrait être simple puisqu’elle interdit la détention et reproduction des cétacés en captivité ainsi que les spectacles à partir de décembre 2026. Et pourtant, une dernière structure en France peut maintenir « tranquillement » ses activités avec ses dauphins…

Ce jeudi, le parc Marineland d’Antibes a annoncé la mort d’Inouk, une orque mâle de 25 ans. Un décès qui survient seulement cinq mois après celle de son fils, Moana, 12 ans, également né en captivité dans les bassins de ce parc de la Côte d’Azur.

A peine quelques minutes après l’annonce du parc, l’association One Voice, qui dénonce les conditions de vie de ces orques depuis plus de cinq ans, a publié un communiqué indiquant qu’elle déposait plainte contre le zoo marin et qu’elle ferait « tout pour que le delphinarium réponde de ses actes ». « Il y a maintenant urgence pour Wiki et Keijo [les deux dernières orques du parc] pour les sortir de Marineland », écrit-elle.

Cette annonce relance donc une nouvelle fois le débat : Jusqu’à quand verra-t-on des orques et des dauphins en captivité en France ?

Quelles structures concernées ?

En France, trois structures étaient concernées par la détention et la proposition de spectacles de cétacés : le Marineland à Antibes, Planète Sauvage à Port-Saint-Père, près de Nantes, et le Parc Astérix, à Plailly, dans l’Oise.

En 2021, avant le début des débats sur la loi contre la maltraitance animale, le directeur général de la dernière structure, Nicolas Kremer, avait décidé de fermer son delphinarium, créé en 1989, et d’envoyer ses huit dauphins et cinq otaries dans d’autres lieux en Europe. Il avait confié à l’époque au Parisien que ce n’était pas non plus la vocation de ce parc d’attraction contrairement aux autres, pour qui, « avoir des animaux, c’est dans leur ADN ». A la place des spectacles de dauphins, le Parc Astérix propose désormais un « spectacle de plongeons » avec des « Grecs et Romains, incarnés par des athlètes professionnels » qui s’affrontent dans « un duel d’acrobaties ».

Il n’existe donc plus que deux parcs aquatiques en France, qui comptaient jusqu’à peu de temps, vingt et un dauphins et quatre orques.

La loi contre la maltraitance animale interdit la détention en captivité des cétacés…

En 2017, un arrêté avait été pris par Ségolène Royal, alors ministre de l’Ecologie, pour interdire la reproduction des dauphins en captivité, afin d’en finir avec les delphinariums. Finalement, le Conseil d’Etat avait cassé cette décision.

Quatre ans plus tard, cette mesure avait été reprise par Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique de l’époque, pour être introduite dans la loi contre la maltraitance animale. Cette dernière a été votée en novembre 2021 et interdit « les spectacles incluant une participation de spécimens de cétacés et les contacts directs entre les cétacés et le public ». Une interdiction qui entre en vigueur à partir de décembre 2026. La loi indique également qu’il est interdit de « détenir en captivité ou de faire se reproduire en captivité des spécimens de cétacés ».

… sauf exception qui confirme la règle ?

Si Marineland a décidé de transférer ces (deux derniers) orques d’ici 2026 dans le cadre de cette loi, ce n’est pas le cas des dauphins de Planète Sauvage. Et cette structure a « le droit ». En effet, le même article de loi cité plus haut, précise que les établissements qui présentent « des programmes scientifiques » ne sont pas concernés par cette interdiction de détention. Même précision pour les spectacles : c’est interdit sauf lorsqu’il s’agit de « démonstrations pédagogiques ».

Ainsi, dans l’attente d’éventuels décrets pour clarifier cette situation décriée par les associations de protection des animaux, Planète Sauvage poursuit ses activités.

Interrogé après la naissance, fin 2022, de deux bébés dauphins, Martin Böye, le directeur scientifique, avait assuré : « Il y a besoin d’intensifier notre travail scientifique pour enrayer la perte de biodiversité que connaissent les dauphins en mer. » La fin des dauphins en captivité ne devrait donc pas être pour tout de suite.